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2020-05-25Les tribunes et le podcast – Update #02 | Rooh Savar
2020-07-13GetUp, Obama, Daesh, Trump, Podemos, En Marche, Brexit, comment ces mouvements inédits on réussi à conquérir le pouvoir, en moyenne, deux ans après leurs naissances ?
En 2005, quelques jeunes citoyens australiens, en colère d’une quatrième réélection de John Howard au poste de Premier ministre depuis 1996, lancent un mouvement citoyen inédit dans son genre : l’objectif affiché : donner le pouvoir aux citoyens pour renverser Howard. Initié par Jeremy Heimans, le mouvement baptisé GetUp crée dès le premier jour une plateforme en ligne afin de “faciliter [pour les citoyens australiens] l’envoie de mail à leurs représentants politiques ; En quelques jours, des dizaines de milliers d’Australiens utilisent l’outil”. Les donations en ligne explosent. C’est ainsi que l’un des pionniers de startup-politic voit le jour en Australie.
Trois dates clés
1ere date clé : 2007, l’Australie
En 2007 GetUp mobilise 187 000 personnes pour une vaste opération de porte à porte contre Howard. Il réussit son pari et arrive à mettre fin à 11 années de règne du puissant Premier ministre conservateur de l’Australie.
Aujourd’hui, GetUp compte un million de membres et il est un acteur indispensable sur la scène politique du pays. Jeremy Heimans raconte cette fascinante histoire dans son best-seller « New Power ».
2ème date clé : 2008, les Etats-Unis
Le jeune sénateur américain, Barak Obama, se lance dans le grand jeu présidentiel américain. Il crée un hub numérique MyBarackObama.com, une plateforme inédite afin d’aider ses supporteurs, principalement issue des minorités ou alors la jeune génération, à s’organiser. Il arrive à mobiliser de nombreux électeurs et électrices normalement exclues des stratégies électorales des partis politiques. Ainsi, il réussit à créer un contre-pouvoir, non seulement en mobilisant des électeurs exclus, mais aussi en profitant de leurs participations financières : “autour d’un quatrième du budget de sa campagne prévenait des dons de moins de 5 dollars.” explique Jeremy dans son livre. Il construit un vrai “game changer” grâce à aux outils numériques. Il devient le 44ème Président des États-Unis
3ème date clé : 2009, l’Iran
En printemps de cette année, les jeunes activistes iraniens se mobilisent contre Mahmoud Ahmadinejad, le Président sortant qui s’apprêtait à sa propre réélection. De la même façon que GetUp, les activistes iraniens, (dont je faisais parti à l’époque) utilisent internet comme un hub alternatif contre les médias d’État. La blogosphère iranienne compte à cette époque plus 2 millions blogs actifs donc la 3ème langue de blogosphère dans le monde. Comme la campagne d’Obama, les Iraniens utilisent aussi les réseaux sociaux, particulièrement Facebook, Twitter et YouTube. Pourtant, bien qu’Obama utilisât les réseaux sociaux avec une approche descendante du haut vers le bas [top-down], le mouvement Vert iranien arrive à réaliser une stratégie véritablement ascendante, du bas vers le haut [bottom-up]. C’est peut-être le premier cas d’utilisation des réseaux sociaux du button-up qui inspirent les activistes du printemps arabe.
“Mir Hossein Mousavi, le candidat réformiste avait réuni plus de 100,000 supporteurs sur son compte Facebook en quelques jours”, écrit le quotidien américain Christian Science Monitor en 2009. En juin 2009, le journal en ligne Mashable.com compte 221,000 tweets par heure en provenance de l’Iran. Il parle aussi de 3,000 vidéos téléversées sur YouTube ainsi que 2.2 millions poste blog tout postés et téléversés en seulement un seul jour. Le journal est impressionné par le message inédit de Moussavi à ses soutiens “C’est vous le média“. Dans Libération, The Guardian et d’autres journaux à travers le monde on parle de “la Révolution Twitter“. «La révolution ne sera pas télévisée, elle sera twitterisée» selon The New York Times, critiquant CNN de ne pas être au rendez-vous quant à la couverture des événements du printemps de 2009 en Iran.
C’est la première fois que, malgré l’absence ou le manque d’intérêt des grands médias, nous restons au courant d’une vaste mobilisation citoyenne dans un coin du monde. Soutenant les manifestants iraniens, Twitter se trouve en 2009 parmi des candidats sérieux du prix Nobel de la paix. Le prix sera finalement remis à Barak Obama en 2009. Jusqu’alors, l’usage de Facebook, Twitter, YouTube etc., se limitait qu’à des fins de divertissements. Désormais, ces réseaux deviennent des principales plateformes de débat et de mobilisation politique.
Alt-forces-4.0
GetUp avec sa plateforme en linge, “Yes We Can” d’Obama avec sa stratégie de top-down de mobilisation via les réseaux en ligne, et le mouvement Vert de la jeunesse iranienne avec une politisation ascendante (bottom-up) des réseaux sociaux marquent respectivement les trois dates clés du phénomène startup-politique. Ils actent, après 3000 ans d’histoire politique homogène, l’émergence d’une nouvelle forme de pouvoir qui ne cesse de bouleverser notre univers politique depuis à peine deux décennies. C’est en effet l’impact directe de la troisième Révolution industrielle déclenché par l’Internet et l’Internet mobile, mais aussi accélérée par une quatrième révolution, « sous l’effet des technologies de l’intelligence artificielle, associées aux données de masse (big data), préparent une quatrième révolution qui bousculera probablement les équilibres mondiaux. » Cela a donné la possibilité de l’émergence rapide des contre-pouvoirs sans précédent, partout dans le monde. Ce que je l’appelle Alt-force-4.0.
GetUp, Obama, Daesh, Trump, Podemos, En Marche, Brexit, dans les prochains billets, je vous parlerai d’un certain nombre de startups-politiques, des secrets de leurs réussites, des recettes et des modes d’emploi grâce auxquels elles arrivent à conquérir le pouvoir, en moyenne, deux ans après leurs naissances.
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