1Jeu domestique
La République islamique d'Iran n'est pas un régime homogène. Réformistes, modérés, conservateurs ou encore ultra-conservateurs, plusieurs fractions issues de la Révolution islamique de 1979 cohabitent au sien de la République islamique. Mais cette cohabitation n'est pas toujours pacifique. L’exemple de confrontation des deux camps en 2009 a marqué à jamais les esprits. Bien que le camp réformiste reste relativement plus populaire parmi les citoyens iraniens, mais les conservateurs exercent déjà un pouvoir considérable sur le pays notamment à travers leur mainmise sur les multiples institutions culturelles, caritatives, économiques ou politiques, mais également les organisation militaires ou paramilitaires. Dans ce contexte plébiscitaire, les fractures augmentent progressivement entre les hérités du fondateur de la République islamique, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny.
2Le jeu d’influence (régionale)
Les confrontations régionales ainsi que les enjeux internationaux, militaires comme diplomatique seront un axe central du livre. Cette période marque le rayonnement de l’influence iranienne du Liban jusqu’au Yémen, en passant par la Syrie et l’Irak. Depuis la lourde défaite de l’Iran cotre la Russie en 1723, où l’Iran (la Perse) a perdu les territoires caucasiens, et ensuite la perte de sa souveraineté sur Hérat en 1856 à la suite d’un conflit militaro-politique contre le Grand Bretagne, l’Iran n’a jamais pu retrouver son influence impériale triple millénaire dans sa région. Mais les évolutions d’une complexité incroyable on fait de sort que la République islamique d’Iran arrive à s’imposer dans un territoire aussi grand que ses frontières officielles, déjà le double de celles de la France. Le conflit syrien était en effet le déclencheur de la redistribution des cartes régional. Un Irak anéanti par l’invasion américaine, une Arabie saoudite amateur dans le jeu des grands malgré du soutien occidental mais aussi très perturbé par le jeu de la succession du trône, et une Turquie trop limitée par sa vision géopolitique ‘turquo-centré’, ont offert à l’Iran un boulevard pour faire accélérer ses ambitions régionales, déjà en construction depuis des décennies. L’iranité et le shiisme sont les deux composants offrant une flexibilité et souplesse stratégique à l’Iran pour que le pays arrive à jouer des diverses cartes de l’Afghanistan jusqu’au Liban.
3Dans la cour des grands
Cela fait environ 20 ans que l’Iran négocie son programme nucléaire à seule face à ses multiples interlocuteurs : dans un premier temps face à la troïka européenne (La France, l’Allemagne et la Grande Bretagne), en ensuite face à les 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne). Dans un premier temps, l’image d’une telle table de négociation peut paraitre inégale et inéquitable. Mais les Iraniens s’en réjouissent car cette scène marque leur importance sur la scène internationale au-delà des enjeux régionaux.
le dossier nucléaire iranien a pris rapidement des dimensions internationales en divisant tous les acteurs de la diplomatie mondiale en pro et contre JCPOA, l’accord international sur le programme nucléaire iranien. Une fois à la maison blanche, Donald Trump a renversé la table et n’a pas cessé d’accentuer, pendant quatre ans, la « pression maximale » sur l’Iran avec une obsession sans précédente. Nous ne manquerons pas à vous mettre au clair les différents morceaux de ce puzzle d’une complexité exprime, un cas d’école en diplomatie internationale.
4Les « Rubans Verts » et les « Gilets Jaunes » iraniens
Plusieurs soulèvements internes qui ont bouleversé le paysage politique et économique du pays.
De 2009 à 2020, on retrace dans cet ouvrage de nombreux épisodes tourmentés de l’histoire récente iranienne. Une période impactée par les lourdes sanctions économiques, les enjeux régionaux complexes, mais aussi des nombreux épisodes de contestation populaire interne. On a décrypté les moments forts qui ont touché l’Iran durant cette période dense. Mais le boulot n’est pas encore fini car on va couvrir pour vous les élections présidentielles qui auront lieu en juin 2021.
Bien que les présidentielles de 2009 aient basculé l’Iran dans une ère postrévolutionnaire, nous pensons que celles de 2021 iront marquer un autre moment fort dans le destin de la République islamique d’Iran, mais aussi celui de ses citoyens.
De 2009 à 2019, l’Iran a vécu du moins 4 épisodes de soulèvement et d’émeutes populaires à l’échelle nationale. Mais malgré les apparences vues de l’étranger, chacun entre eux avait leurs propres conditions. On peut distinguer nettement les classes/couches sociales qui étaient derrière ceux de 2009 et de 2010, la classe moyenne urbaine des grandes villes extrêmement politisées et relativement bien organisé. En revanche, ceux de 2017 et 2018 englobant plutôt les classes/couches précaires périphériques étaient moins politisés, moins organisées, mais beaucoup plus en colère. L’Iran à vécu son “Gilets Jaunes” à sa manière bien avant la France.
Dans les deux cas, (2009 contre 2017) les observateurs extérieurs, auto-empoisonnés dans le phantasme d’un “Regime Chang” immédiat attendu depuis 4 décennies, avaient mal à bien saisir les contestations, chacune (presque) inédite dans son genre. On a eu l’impression que les manifestant étaient les premiers oubliés dans les discours et les analyses.
Dans “L’Iran déçu mais debout”, nous essayions de projeter un peu plus de lumière sur eux, celles et ceux qui étaient en première ligne, notamment en 2017 et en 2019. Car ces derniers étant moins politisés, n’avaient et n’ont quasiment pas de représentants ni dans les rangs du pouvoir, ni parmi les différentes variantes de l’opposition. Pourtant, tous, une partie du pouvoir comme toute l’opposition, tentent à récupérer leur action.
5Un basculement doux ?
Ce livre reste donc un dernier chapitre sur cet événement majeur, dont le premier tour a eu lieu le 18 juin 2021. On a eu raison : le résultat de cette élection va changer beaucoup de choses en Iran, et dans la région.
Bien que les présidentielles de 2009 aient basculé l’Iran dans une ère postrévolutionnaire, celle de 2021, selon mon diagnostic, ira marquer un épisode de basculement dans le destin de la République islamique d’Iran.
L’Iran n’est pas une démocratie à la française et ses élections non plus. Néanmoins, de nombreux observateurs de la scène politique iranienne pensent que les élections du juin iront marquer un moment fort dans le destin de la République islamique d’Iran, mais aussi celui de ses citoyens. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas manquer cet épisode dans mon livre. Je suis convaincu qu’avec l’élection de Raïssi et prenant en compte toutes les démarches de sa victoire, nous sommes face à un moment important pour tourner une page de l’histoire de la République islamique d’Iran et déjà en marche pour entrer dans une ère nouvelle. Donc en bon chroniqueur, mon boulot c’est de vous la chroniquer et vous rendre le travail peu après l’événement.